À la loupe
Chaque semaine ce que nous disent les chiffres et les études sur le monde du travail
Au printemps 2025, l’Ifop a interrogé près de 1 000 salariés et une centaine de DRH pour la Fondation The Adecco Group et l’Association Nationale des Directeurs des Ressources Humaines (ANDRH), publiant ensuite une étude sur les reconversions et transitions professionnelles et comment les accompagner dans un monde du travail qui se transforme. Le constat est clair : parler de reconversion n’a plus rien d’exceptionnel. 84 % des actifs la considèrent même comme une étape normale du parcours professionnel, et quatre sur cinq comme un nouveau départ. Pourtant, 71 % anticipent une étape difficile à franchir.
La reconversion : une réalité déjà bien présente
Près de neuf DRH sur dix estiment que leur organisation va devoir se transformer vite. Les raisons sont multiples : la situation économique (55 %), le climat politique (48 %), les difficultés de recrutement (53 %) ou encore l’évolution des attentes des collaborateurs (51 %), avec, parmi les facteurs de mutation majoritairement évoqués, le développement des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle. Face à ces bouleversements attendus, 83 % des actifs disent avoir confiance dans leur capacité à s’adapter. Quatre sur cinq perçoivent la reconversion comme un nouveau départ, un défi plus qu’un risque de déclassement (20 %, voire 27 % chez les insatisfaits de leur situation). Des transitions désormais davantage valorisées que la fidélité à une seule entreprise, surtout chez les plus jeunes. Dans les faits, 81 % des DRH ont accompagné des changements de métier en interne et 80 % des départs volontaires. En revanche, dans ce genre de situation, les démarches restent encore peu formalisées puisque 65 au cas par cas ».
Des obstacles bien réels pour les DRH... et les salariés
Les raisons ? Quatre DRH sur dix citent le coût comme frein majeur ; suivent la complexité des dispositifs (37 %) et le manque de passerelles entre métiers (34 %). En parallèle, 32 % redoutent un déséquilibre des effectifs, 29 % évoquent la difficulté à mobiliser le management et 39 % les réticences des collaborateurs. Bilan, faute de solutions internes, trois DRH sur quatre ont recruté en externe. Du côté des salariés, le premier frein reste financier, 27 % redoutant de perdre en salaire, alors que 20% craignent de ne pas retrouver d’emploi ou trouvent les démarches trop compliquées. Enfin, 30 % des actifs se sentent « trop âgés » pour envisager une reconversion, et cette proportion grimpe à 53 % chez les plus de 50 ans.
Nuance de taille
Ces constats varient toutefois selon la taille des structures. Dans les entreprises de plus de 1 000 salariés, 78 % ont effectivement formalisé la reconversion dans au moins un domaine (contre 44 % en moyenne), et 61 % ont engagé un dispositif d’accompagnement. L’obligation de mettre en place une gestion des emplois et des parcours professionnels en entreprise (GEPP) pour les structures de plus de 300 salariés joue un rôle important. Les entreprises rencontrant des problématiques d’usure professionnelle ou faisant face à des métiers fortement pénuriques entament aussi plus facilement des procédures de reconversion interne.
Mieux accompagner et clarifier les dispositifs
Sécuriser et simplifier le parcours de transition apparaît ainsi comme la clé pour déclencher les reconversions. Six actifs sur dix considèrent la reconversion comme un projet à construire avec des professionnels de l’emploi. Plus d’un sur deux franchirait le cap si un accompagnement RH lui était proposé.
Du côté des entreprises, la marge de progression reste importante. Près d’un DRH sur cinq indique ne pas posséder de dispositif interne pour accompagner les reconversions, alors seuls 6 % déclarent ne rencontrer aucune difficulté dans ce domaine. L’étude souligne enfin un besoin de coordination plus forte entre acteurs publics, privés et locaux, afin de rendre les dispositifs plus lisibles, plus accessibles et mieux ancrés dans les territoires.

Journaliste
Qu’il s’agisse d’économie, de design ou de presse jeunesse, Marie, journaliste de métier, aime explorer des univers contrastés (différents ?) et en…